Les poids Akan à la cire perdue : un artisanat d’Art ancestral

Longtemps appelé par les Européens « la côte de l’or » tant les ressources aurifères y étaient importantes, le Golfe de Guinée où se côtoient de nombreux peuples dont les Ashanti, les Agni, les Fanti, les Baoulé… forment, avec d’autres ethnies, les peuples Akan.  Avant l’arrivée des Européens, ils avaient mis au point un système particulièrement sophistiqué de pesée de la poudre d’or –nommée Sika par les Akan- grâce à des poids qui correspondaient à une mesure fixe qu’ils gardaient précieusement après avoir échangé la Sika.

Les réserves de Sika et instruments de pesée et de mesure constituent le Dja ou trésor familial. Qu’ils soient de forme géométrique ou bien figuratifs, les poids symbolisaient  la flore, la faune et la population dans tous les aspects de sa vie matérielle et spirituelle, ils enseignaient le savoir et les mythes, servant de support aux proverbes et paroles sages.

Ces poids sont aujourd’hui reproduits par les mêmes peuples Akan, en laiton ou en bronze et selon les mêmes savoir-faire de fonte à la cire perdue.

En valorisant la technicité mais aussi l’aspect non standardisé du processus de fabrication, Kaolack Créations va à la rencontre de ces artisans bronziers et achète des pièces dans le cadre d’une relation éthique et durable. Nos fournisseurs sont nos partenaires, sans eux nous n’existons pas. Les achats doivent être justement rémunérés et la relation privilégiée car l’enjeu est pour nous capital :

Les Artisans Créateurs Africains sont tout simplement les gardiens de nos propres traditions !

 Notre histoire, racontée par nous, Kaolack Créations

Bracelets Kaolack Creations avec des perles Akan
Bague perles Akan de Kaolack Creations

Connaissez-vous la charte du Manden?

Charte datant du XIII° siècle, la première déclaration des droits humains connue au monde.

Conçue (sans influence étrangère) lors de l’achèvement de la construction de l’empire du Mali par Soundiata Keita. Cette charte s’adresse aux « douze parties du monde ». Elle a donc une vocation universelle selon ses auteurs. Elle comporte sept paroles, qui sont autant d’entêtes d’articles de la charte.

Connue aussi sous les noms de Donsolu Kalikan (Serment des Chasseurs), Dunya Makilikan (Injonction au Monde), ou plus couramment Manden Kalikan (le Serment du Mandé)

Texte réécrit par Youssouf Tata Cissé dans “Soundjata, la Gloire du Mali”, éd. Karthala, ARSAN, 1991

  1. Les chasseurs déclarent :

Toute vie (humaine) est une vie. Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie, mais une vie n’est pas plus “ancienne”, plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie.

  1. Les chasseurs déclarent :

Toute vie étant une vie, tout tort causé à une vie exige réparation. Par conséquent, que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin, que nul ne cause du tort à son prochain, que nul ne martyrise son semblable.

  1. Les chasseurs déclarent :

Que chacun veille sur son prochain, que chacun vénère ses géniteurs, que chacun éduque comme il se doit ses enfants, que chacun “entretienne”, pourvoit aux besoins des membres de sa famille.

  1. Les chasseurs déclarent :

Que chacun veille sur le pays de ses pères. Par pays ou patrie, Faso, il faut entendre aussi et surtout les Hommes ; Car “tout pays, toute terre qui verrait les Hommes disparaître de sa surface deviendrait aussitôt nostalgique.” 

  1. Les chasseurs déclarent :

La faim n’est pas une bonne chose, la sujétion n’est pas non plus une bonne chose ; Il n’y a pas pire calamité que ces choses-là, dans ce bas monde. Tant que nous détiendrons le carquois et l’arc, la faim ne tuera plus personne au Manden, Si d’aventure la famine venait à sévir, la guerre ne détruira plus jamais de village pour y prélever des captifs. C’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre. Personne ne sera non plus battu, à fortiori mis à mort, parce qu’il est fils de captif.

  1. Les chasseurs déclarent :

L’essence de la sujétion est éteinte ce jour, “d’un mur à l’autre”, d’une frontière à l’autre du Manden. La razzia est bannie à compter de ce jour au Manden. Les tourments nés de ces horreurs sont finis à partir de ce jour au Manden. Quelle épreuve que le tourment ! Surtout lorsque l’opprimé ne dispose d’aucun recours. Le captif ne jouit d’aucune considération, nulle part dans le monde.

  1. Les gens d’autrefois nous disent :

“L’Homme en tant qu’individu fait d’os et de chair, de moelle et de nerfs, de peau recouverte de poils et de cheveux, se nourrit d’aliments et de boissons, mais son “âme”, son esprit vit de trois choses : voir qui il a envie de voir, dire ce qu’il a envie de dire et faire ce qu’il a envie de faire. Si une seule de ces choses venait à manquer à l’âme humaine, elle en souffrirait et s’étiolerait sûrement.” En conséquence, les chasseurs déclarent : chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, chacun dispose désormais des fruits de son travail.

Tel est le serment du Manden  à l’adresse des oreilles du monde tout entier.